Retail

Magasins, mini sites logistiques urbains et architecture « composable commerce » au service de l’omnicanalité

S’appuyer sur son réseau de magasins pour réduire les délais de livraison et livrer plus vite. Revoir les schémas directeurs logistiques pour rendre les processus plus efficients et tenir la promesse client. Accélérer sur la logistique urbaine et rapprocher les stocks des consommateurs pour livrer plus vite tout en limitant l’impact environnemental. Optimiser les flux de marchandises, réorganiser ou mutualiser les stocks de différentes enseignes dans des mini sites logistiques situés en centre-ville ou à la périphérie des villes. Systèmes d’information temps réel avec des architectures « composable commerce ».

Tels sont les thèmes qui ont été abordés lors d’une conférence sur les enjeux de l’omnicanalité, lors de la SITL 2022. Synthèse des échanges entre Jérôme Pedreno, business developer chez Hardis Group, Guillaume Mullier, directeur du développement et de l’innovation chez adameo et Loïc Euzen, transformation executive chez AutoStore.

 

Transformer le point de vente en un lieu de stockage de proximité

Amazon, Alibaba, JD.com… : les géants du e-commerce ont modifié en profondeur le visage de la distribution à l’échelle internationale. Cependant, les acteurs historiques de la distribution ont un atout majeur : leurs réseaux de points de vente et le maillage territorial qu’ils constituent. Car le magasin, que d’aucuns ont, sans doute trop vite, considéré comme dépassé dans une vision clivée entre commerce physique et e-commerce, devient à la fois un lieu expérientiel et un centre logistique de proximité capable d’adresser les enjeux de l’omnicanalité.

En effet, avec la montée en puissance des services omnicanal (click & collect, livraison à domicile, retrait en drive, échange en magasin d’articles achetés en ligne…), les magasins deviennent un point de traitement des commandes (et des retours) clients. Grâce à leur maillage territorial, ils constituent progressivement un point pivot entre les stocks centraux (plateformes logistiques) et les consommateurs.

Il n’est pas donc pas exclu d’imaginer que le point de vente pourrait devenir, à terme, un véritable hub logistique de proximité. Pour faire face au géant Amazon et réduire son empreinte environnementale, Walmart a par exemple entrepris de transformer certains de ses points de vente afin qu’ils soient aussi des espaces de stockage, avec le déploiement de systèmes semi-automatisés de préparation des commandes à l’intérieur ou à côté de ses magasins. L’enseigne américaine a ainsi augmenté sa capacité de livraison depuis ses magasins de 20 % en 2021. Elle considère qu’avec 90 % de la population américaine vivant à moins de 15 km d’un Walmart, ses quelque 4 700 magasins constituent un avantage concurrentiel majeur pour expédier les marchandises plus rapidement et à moindre coût (économique et environnemental).

 

Omnicanalité : l’impérieuse nécessité de revoir les schémas directeurs logistiques

Par conséquent, toutes les enseignes possédant des magasins physiques, petites ou grandes, peuvent concurrencer les acteurs du e-commerce en réorganisant leur logistique et en investissant davantage dans leurs actifs immobiliers. Ce qui nécessite en amont de revoir leur schéma directeur logistique, afin de garantir une livraison dans les temps à moindre coût et la disponibilité des produits, organiser les transferts de stocks entre les différents lieux de stockage (entrepôts, magasins, réserves déportées, centre de micro-fulfillment…) et mieux gérer les promotions.

 

Rapprocher les entrepôts du consommateur final

La transformation des réserves des grandes surface situées en périphérie immédiate des agglomérations, en centres logistiques, ou le dark store, un nouveau type de site logistique en milieu urbain, sont autant d’outils à mettre en place pour rapprocher les entrepôts du consommateur final et ainsi réduire les délais de livraison ainsi que leur impact environnemental, à condition toutefois d’industrialiser et d’automatiser les processus logistiques.

L’automatisation permet en effet de mettre à disposition des clients les articles à partir des réserves en quelques minutes, que la commande ait été réalisée en ligne ou que le consommateur ait effectué son choix dans le magasin ou dans les différents magasins situés dans un centre commercial (dans ce cas, la surface de vente devient un lieu d’expérience et de services). Des solutions de mécanisation et de robotisation existent pour des petites surfaces, pour le stockage et la préparation de commandes.

Ces technologies d’automatisation sont encore balbutiantes sur le marché français, mais dans certains pays comme l’Allemagne ou les États-Unis, ces solutions sont d’ores et déjà déployées dans les milieux urbains.

 

Logistique urbaine : des exemples récents

En France, une accélération des projets de logistique urbaine est cependant en cours. Par exemple, La Poste développe des « casiers » automatiques installés sur les trajets quotidiens des Français (gares, bureaux de poste, campus, centres commerciaux…). Elle a par exemple installé un système Autostore en plein cœur de Paris à l’intérieur d’un de ses sites. Dans un contexte où le foncier se raréfie, RATP Solutions Ville propose à des acteurs tels qu’Ecolotrans d’exploiter ses sites sous-exploités, notamment les centre bus qui sont inoccupés en pleine journée, pour effectuer leurs livraisons du dernier kilomètre en milieu urbain. Aujourd’hui, quatre sites sont mis à la disposition d’acteurs pour le transfert de marchandises de véhicules lourds à des véhicules légers.

 

Désilotage des systèmes d’information : cap vers des architectures « composable commerce »

Ces projets de transformation logistique ne sont pas sans conséquence sur les systèmes d’information. C’est en effet en considérant l’ensemble des ventes, des commandes, des stocks (dans les entrepôts, les magasins et les usines), des flux (livraisons et retours) en cours et prévisionnels, en temps réel, qu’il est possible de garantir la promesse client à un coût maitrisé.

Cela suppose de désiloter les systèmes d’information et de mettre en place des architectures « composable commerce » de type MACH (Micro-Services, API, Cloud Native, Headless), qui permettent d’assembler et d’ajouter au fur et à mesure des solutions « best of breed » dédiées à chaque besoin spécifique : plateforme e-commerce, orchestration des commandes (OMS), gestion de la relation client (CRM), gestion du point de vente, automatisation des campagnes marketing, logiciel de gestion d’entrepôt (WMS) ou de pilotage des transports (TMS), etc.

 

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